vendredi 8 août 2025

La chapelle du Château de Châteaudun

 
























  
Le Chapelle du château de Châteaudun, à Châteaudun  



Située sur un éperon rocheux qui surplombe la vallée du Loir permettant au moyen-âge de surveiller les alentours, le château assis entre Le Mans et Pithiviers au Nord-Ouest d'Orléans dans le département de l'Eure-et-Loir, fait un clin d'oeil à Orléans et Blois, deux grandes places de la région. La chapelle, construite au XVe siècle, fut comme les saintes chapelles princières un but de commémoration dynastique. Elevée en trois campagnes, son édification commencera en 1451 par la démolition de l'ancienne chapelle au moment ou le château commença ses travaux de constructions.






Localisation :   28 200, Châteaudun
département de l'Eure-et-Loir.


Année de construction : 1451, XV e Siècle







L'histoire : 

C'est en 1439, au cours des négociations qui mirent fin à la captivité de Charles d'Orléans, que celui-ci donna le comté de Dunois à son demi-frère Jean, le bâtard d'Orléans.
Jusqu'alors et depuis le IXe siècle le Dunois avait continuellement appartenu aux comtes de Blois. La réunion des deux comtés représentait une force considérable ; Châteaudun, capitale du Dunois, était, à cause de l'éperon rocheux sur lequel elle est bâtie, une citadelle quasi imprenable ; sa situation au bord du Loir, au croisement des routes reliant Chartres à Blois et Orléans au Mans, lui donnait une importance stratégique non négligeable. Aussi, au Xe siècle, Thibaud le Tricheur reconstruisit la forteresse; à la fin du XIIe siècle Thibaud V y édifia le puissant donjon qui subsiste encore. Châteaudun se signala tout particulièrement pendant la guerre de Cent ans en résistant victorieusement aux Anglais, et sa garnison, commandée par Florent d'Illiers, contre-attaqua les troupes de Suffolk assiégeant Orléans.
Le comté de Dunois apporta la richesse à Jean d'Orléans à une époque où il n'était déjà plus, tant s'en faut, « le gentil bâtard » sans sou ni maille de la campagne de la Loire. Nommé grand chambellan en 1436, il avait reçu en 1439, par son mariage avec Marie d'Harcourt, les seigneuries de Tancarville et de Montreuil-Bellay. La prise de Dieppe, en 1443, lui valut le comté de Longueville. Ce don royal inaugurait la période la plus brillante de la vie de Dunois, période où son triple rôle de chef de guerre, de conseiller et de diplomate fut éminent ; et Dunois, bien que n'ayant pas été légitimé, jouissait désormais des prérogatives de prince du sang : ainsi, en 1446, dans un traité conclu entre Charles VII et Henry VIII, il est appelé « oncle du roi, très haut et très puissant prince ». A l'avènement de Louis XI, Dunois vit pâlir son étoile, mais il retrouva vite la faveur royale puisqu'en 1465 il fut nommé président de la commission de réformes du royaume. Dunois, qui mourut en 1468, ne connut donc pas l'inaction, et il serait faux d'imaginer un vieillard solitaire à Châteaudun et se consacrant exclusivement aux lettres et aux arts.
Si la bibliothèque de Dunois, dont l'inventaire est conservé, montre l'intérêt du bâtard pour les questions religieuses, elle est loin d'avoir la richesse de celle de Charles d'Orléans. Mais à la différence du château de Blois de Charles d'Orléans, celui de Dunois à Châteaudun demeure, et sa « Sainte-Chapelle », dont le titre lui conférait un caractère de précellence, a pu, grâce à son décor sculpté et peint, faire comparer le mécénat de l'ancien compagnon de Jeanne d'Arc à celui du roi René ou du père de Louis XII.

Cela dit, l'intérêt de la Sainte-Chapelle ne se limite pas au décor : c'est devant le donjon de Thi- baud V, témoin de la puissance de ses prédécesseurs, que Dunois a placé ce rappel de son ascendance royale. Sans doute le nouvel édifice ne faisait-il que se substituer au même lieu à la petite chapelle antérieure. Aussi, une étude particulière de la Sainte-Chapelle de Châteaudun, de sa construction et aussi de sa fondation, peut-elle utilement compléter les travaux sur l'ensemble du château publiés par le Dr Lesueur et M. Taralon .

Le premier texte mentionnant des travaux au château de Châteaudun date de 1451 et concerne la Sainte-Chapelle ; mais celle-ci n'est sans doute pas la première construction de Dunois. L'inventaire des archives du château de Dampierre et d'autres documents nous apprennent qu'en 1451 l'évêque de Chartres, Pierre Béchebien, autorisa la destruction de « l'ancienne chapelle du chastel de Chaste au dun... pour en commencer a faire une aultre... en son lieu et place », c'est-à-dire « proche la tour d'icelluy chastel ». La nouvelle construction fut menée très rapidement puisque le 28 octobre 1454 quittance fut donnée au maçon Martin Brait, après travaux, « pour avoir enduit et blanchi la basse et la haulte chappelle du chastel de Chasteaudun et aussi taillés es assises et levées la greigneur partie des goutieres de ladicte chappelle ». Le gros œuvre s'achevait donc à cette époque : il eût été absurde de blanchir les murs d'un édifice en cours de construction. Une quittance, en 1456, à Guillaume Bouchart, « pour la façon de deux cloches pour la Saincte Chappelle... et pour un benoistier pour ladite chappelle », confirme la fin des travaux.

La chapelle fut-elle modifiée entre 1454 et 1468? Les textes qui nous sont parvenus ne mentionnent pas de travaux de gros œuvre ; cependant, on ne peut assurer que rien n'ait été entrepris avant la mort de Dunois, car on possède plusieurs documents faisant état de sommes globales dont la destination précise reste ignorée, telle en particulier cette clause testamentaire d'octobre 1463, ordonnant qu'il soit donné 2.000 francs « pour l'achavement de la Saincte Chapelle... et pour les logis des religieux qui y seront ».

De même, une hésitation subsiste pour la date de la dédicace faite à la Vierge, à saint Jean-Baptiste et aux saints Anges. Le registre des visites de l'évêque de Chartres Miles d'Illiers mentionne, à la date du 5 juin 1465, la visite de la Sainte-Chapelle dédiée par le cardinal Guillaume d'Estouteville « avec l'autorisation de feu Pierre, jadis évêque de Chartres ». Sans doute Pierre Béchebien, qui donna l'autorisation de la dédicace, mourut-il en 1459 ; mais il reste que la dédicace elle-même pourrait être postérieure à l'autorisation.

Quoi qu'il en soit, les textes précis ne mentionnent désormais que des travaux d'aménagements intérieurs : en avril 1467, Pierre de Montfort, organiste du roi, reçoit commande des orgues ; par le codicille du 8 novembre 1468, Dunois lègue des ornements, des pièces d'orfèvrerie et des reliques connus par un inventaire de janvier 1468, où l'on note « la Vraie Croix enchâssée d'or ».Il faut encore faire mention d'autres travaux exécutés du vivant de Dunois, travaux dont on ne peut préciser la date exacte, car ils sont mentionnés dans un compte récapitulatif des dettes de Dunois et de son fils, certaines de celles-ci remontant à 1432, d'autres n'étant pas antérieures à 1472, celles de Dunois portant la seule mention « du vivant de feu mondit seigneur ». Les travaux sont : « A Adam Morant, pour paier l'aigle mis en la chappelle de Chasteaudun, ... lequel avoit este fait du temps de feu mondit seigneur » ; « A Me Paul Grymbault, maistre escolle de Partenay, pour avoir peint plusieurs choses en la chappelle du chastel de Chasteaudun du vivant de feu mondit seigneur... »; enfin, « Aux enffants et héritiers dudit maistre Richard Fe, menuisier, la somme de cinquante livres tournois restant de la somme de C XVII 1. a quoy c'est monté la prisée des cloysons des deux oratoires et celle fermant le cueur de la chapelle de Chasteaudun ».



Le choeur et l'abside 

La chapelle haute, couverte d'un lambris à poinçons et entraits sculptés, ne comporte pas d'oratoires ; elle correspond seulement au chœur et à l'abside de la chapelle basse. Elle est précédée à l'ouest d'un vestibule occupant à l'étage la surface dévolue à la nef au rez-de-chaussée et communiquant par quelques marches avec les combles de l'aile occidentale. Malgré la beauté de certains détails, on n'a guère vanté l'architecture de la Sainte-Chapelle. Le Dr Lesueur a apprécié son « pittoresque » ; en fait, le manque d'homogénéité est flagrant. La disproportion des oratoires, les irrégularités du plan, les reprises de la maçonnerie, plus encore la présence de trois types de fenêtres, trois types de contreforts et quatre profils différents d'ogives affirment les disparités de l'édifice. Si le décor mouluré, par son abondance, fait apparaître la complexité du monument, il est aussi un élément important pour la détermination des campagnes de construction : la variation d'un seul motif ne peut être déterminante, mais le changement de tout un système devient une indication sûre. C'est ainsi que s'isolent à l'analyse trois campagnes de construction. La première correspond au chœur et à l'abside de la chapelle basse, à la totalité de la chapelle haute. Les oratoires nord et sud, qui s'y raccordent par des reprises bien visibles, lui sont postérieurs : le mur est de l'oratoire nord aboutit au milieu d'une fenêtre de la chapelle haute, et la construction de l'oratoire sud et de la sacristie ont causé la destruction d'un contrefort et d'une fenêtre de la chapelle basse. La reprise de la nef est beaucoup moins visible parce que l'extrémité de son mur sud est masquée par le mur ouest de la sacristie et qu'au nord le mur de la première travée du chœur a été repris ; mais le décor est tout différent. La première campagne se caractérise avant tout par des murs à un seul parement, les moellons étant à l'intérieur recouverts par un enduit, alors que les maçonneries du reste de l'édifice sont à double parement. Les voûtes, dont les ogives, moulurées de deux gros tores, reposent sur des culots de feuillages, sont contre-butées par des contreforts ornés de larmiers uniquement sur leurs faces antérieures. Les murs sont percés dans la chapelle basse d'arcs brisés à double ébrasement, ornés de tores reposant sur des colonnettes à chapiteaux de feuillages, dans la chapelle haute par des arcs segmentaires ; vers l'extérieur, ils sont décorés à leur base d'un cavet et couronnés par une épaisse corniche de feuillage. Seul, le mur nord de la première travée du chœur n'appartient pas à ce système décoratif, mais correspond à celui de la nef, avec lequel il est en liaison. Ce mur est antérieur au clocher. La reprise, comme l'avait déjà noté M. Taralon, est visible à la moulure du soubassement ; la rupture des niveaux des assises le confirme. Le décor de la nef se caractérise par des ogives sobrement moulurées de deux cavets, reposant directement au nu des murs et épaulées par des contreforts ornés de larmiers sur leurs trois faces. Les fenêtres, à double ébrasement, comportent des moulures de type flamboyant composées de doucines séparées par des listels et de cavets d'inégales dimensions, isolant trois nervures reposant sur des bases en bouteilles. A la base des fenêtres les murs sont ornés, vers l'intérieur comme vers l'extérieur, d'un bandeau mouluré. Le soubassement du mur sud possède un grand cavet, celui du mur nord une modénature plus complexe, semblable à celle du soubassement de l'aile occidentale du château. La corniche, profilée en larmier, n'est pas sculptée. La sacristie appartient à la même campagne ; son mur ouest est en liaison par des pierres taillées en harpe avec le mur sud de la nef ; la forme et le décor des fenêtres, des contreforts, des cordons moulurés se retrouvent de la nef à la sacristie, mais les voûtes sont différentes : les ogives, d'une modénature beaucoup plus complexe, reposent sur des culots de feuillage, et les voûtains sont en brique. On notera cependant la présence d'une branche d'ogive en Y, comme dans la nef. L'oratoire sud est contemporain de la sacristie ; leurs voûtes sont identiques ; mieux, le mur qui les sépare est une adjonction faite au milieu d'une travée dont la clef de voûte est à demi noyée dans la maçonnerie, et l'on ne s'étonne pas de retrouver sur les bases de l'arc faisant communiquer l'oratoire avec le chœur le profil du soubassement du mur nord de la nef et de l'aile Dunois. Cependant, le mur oriental de l'oratoire ne fait pas partie de la même campagne : il se raccorde très maladroitement avec la voûte, dont les ogives masquent le montant d'une fenêtre ; l'ébrasement extérieur de celle-ci est à deux nervures seulement reposant sur des bases en bouteilles, la dernière moulure étant un double cavet, non plus une doucine comme aux baies de la nef et de la sacristie ; enfin, le mur lui-même ne comporte pas de bandeau mouluré intérieur et il est épaulé par un contrefort plat très différent des robustes contreforts de la nef.



Les campagnes de construction

La Sainte-Chapelle de Châteaudun a été élevée en trois campagnes. Dunois obtient en 1451 de l'évêque de Chartres l'autorisation de démolir la vieille chapelle du château. La chapelle a deux niveaux, comme on en trouve dans plusieurs demeures princières, mais, contrairement à l'usage, c'est la chapelle basse qui est la chapelle seigneuriale, la chapelle haute étant à l'usage des serviteurs. Elle est dédiée à la Vierge et à saint Jean-Baptiste, patrons de l'épouse et de Dunois. La chapelle haute était réservée aux domestiques et était dite de saint Vincent.

* Entre 1451 et 1454, la première campagne a consisté à construire le chœur de la chapelle basse et la chapelle haute, plus petite. Comme il ne subsiste aucun élément de cette première construction sur le mur nord de la chapelle, on peut supposer que la chapelle était construite contre un bâtiment qui a été démoli ultérieurement et dont il subsisterait par des caves. Une quittance est donnée en 1454 au maçon Martin Brait « pour avoir blanchi la basse et haulte chapelle ».

* Une seconde campagne est entreprise entre 1460 et 1464 par l'architecte Nicole Duval. Les parties construites, la nef et la salle qui la surmonte, le mur nord du chœur, la sacristie et la voûte de l'oratoire sud, se caractérisent avec un appareil à double parement en pierre de taille. Une clé de voûte de la sacristie porte les armes de Marie d'Harcourt, une autre porte le blason originel de Dunois, donc posée avant 1465.

* Une troisième campagne de construction est réalisée à partir de 1493 par Agnès de Savoie (1445-1508), veuve de François Ier d'Orléans-Longueville. Le clocher est construit par le maçon Colas Picault, l'oratoire nord, le mur est de l'oratoire sud. Les oratoires ont été consacrés aux saints patrons de François d'Orléans-Longueville et d'Agnès de Savoie.







* La Sainte Chapelle 


* Le château sur le site des Monuments Nationaux


* Le château sur la base Mérimée et Mémoire du ministère de la culture

       ¤ Le château

* Les traits architecturaux du Château
http://maintenance-et-batiment.blogspot.fr



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La ville de Châteaudun







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