CHANSON SUR LE SIEGE DE THOUARS PAR PHILIPPE-AUGUSTE.
Cette chanson est relative aux guerres que Philippe-Auguste et le roi Jean-sans-Terre se firent l'un contre l'autre : le poête anonyme engage plusieurs barons puissants qu'il nomme ou qu'il désigne par leur dignité à secourir Towars. Towars, aujourd'hui Thouars , simple chef-lieu de canton du département des Deux-Sèvres (en 1840), donnait alors son nom à une vicomté considérable qui formait l'une des trois principales divisions du Poitou. Elle comprenait le pays d'entre la rivière de Dive et la mer, c'est-à-dire la plus grande partie du département des Deux- Sèvres, et la totalité de celui de la Vendée. Cette vicomte fut plusieurs fois le théâtre des guerres qui eurent lieu entre la France et l'Angleterre, pendant la première moitié du treizième siècle. En 1207, Philippe-Auguste ayant envahi les terres du vicomte de Thouars , celui-ci, trop faible pour résister, appela à son aide ses voisins les plus puissants. Sa conduite envers eux, dans les années précédentes , les avait complètement aliénés. Les seigneurs poitevins, en effet, voyaient dans Aimery le principal auteur de la trahison qui livra au roi Jean le malheureux Arthur, et plongea dans une captivité horrible les chevaliers qui défendaient sa cause . Aimery, bientôt menacé lui-même, pour éviter la perfidie du roi Jean, se plaça sous la protection du roi de France, et lui fit serment de fidélité. Vers la fin de l'année 1203, il en avait reçu la sénéchaussée d'Aquitaine 2 ; mais, en 1206, Philippe- Auguste ayant suscité contre Jean-sans-Terre la famille des Lusignan, Aimery quitta le parti des Français pour embrasser de nouveau celui du roi d'Angleterre. On conçoit que Philippe-Auguste ait voulu tirer une yengeance éclatante de cette perfidie du vicomte Aimery.
Pour conjurer l'orage qui le menaçait, Aimery ne chercha pas seulement à faire entrer dans son alliance les partisans du roi Jean- sans-Terre, mais il essaya encore d'en arracher plusieurs au roi de France. La chanson qui suit a élé composée à l'occasion de ces alliances ; c'est l'œuvre ou d'Aimery lui-même, ou d'un seigneur dévoué à sa cause. \
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Mors est li siècles briemant
Se li rois Touwairs sormontet ;
De ceu li vait malemant
Ke li faillent li troi conte ;
Et li vieillairs de Bouaing
I aurait grand honte,
C'après la mort a vif conte
Morrait asimante!
« Ce serait une mortelle honte pour ce siècle, si le roi devenait maître de Thouars. Malheur à elle, si les trois comtes l'abandonnent; et honte au vieillard deBouin! Oui, car, après la mort du vicomte de Thouars, il mourrait lui aussi ! »
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Savaris de Maliéon, Boens chiveliers à cuitainne,
Se nos fals à ces besons Perdue avons nostre poinne.
Et vos, xanexals, asi
D'Anjow et dou Mainne;
Xanexal ont an Torainne
Atre ke vos mis.
« Savaryde Mauléon; bon chevalier de bataille , si lu nous fais défaut en cette extrémité , notre peine est peine perdue. Et vous sénéchal aussi, sénéchal d'Anjou et du Maine, déjà on a mis en Touraine un sénéchal autre que vous. »
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Et vos, sire Xanexals,
Vos et dan Jehan clou Mainne,
Et Ugues, entre vos trois,
Mandeis a roi d'Alemaigne
Ke cist rois et cil Fransois
C'ameir ne vos dignent,
C'ant por 1 . mulet d'Espaigne,
Laxait Bordelois.
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