samedi 13 février 2016

Le marbre

















Ce blog est un espace dédié aux expositions, il fait parti de l'association Ch-et-T, "Un Chemin historique et Touristique en Ile de France", association qui à pour but de répertorier, de faire connaitre et faire découvrir les Châteaux de la région Francilienne, qu'ils soient construits, détruits, démolis ou encore existants  sous forme de vestiges ou de ruines. L'association,  possède aussi des documents sur les villes royales, seigneuriales et ce qui touche aux châteaux, à l'art.
 ch-et-t.jimdo.com








Si le palais de Versailles et le château de Trianon – ce « palais de marbre » – doivent leur renommée à leur architecture, à leurs jardins, à leurs boiseries, ils la doivent également à ces « marbres les plus exquis de toutes les sortes » comme les qualifiait le duc de Saint-Simon…

 Le primat intellectuel accordé à l’acte créatif par l’histoire de l’art a laissé dans l’ombre nombre d’éléments constitutifs du monde des formes, notamment la matière, trop souvent perçue comme un principe secondaire, voire négligeable de l’œuvre. Le marbre n’a guère échappé à cette règle, hormis en ce qui concerne l’époque antique, pour laquelle il est de plus en plus étudié, dans ses diverses applications. Mais il est longtemps demeuré en dehors du champ de la recherche pour les périodes plus récentes, alors même qu’il a toujours été considéré comme un matériau des plus prestigieux, recherché pour ses teintes chatoyantes comme pour ses blancs immaculés, pour sa douceur comme pour sa fermeté. Symbole universellement apprécié de luxe, de puissance et de pérennité, le marbre fut constamment assimilé au pouvoir, tant religieux que profane, tant impérial que royal, de la Rome d’Auguste au Grand Siècle de Louis XIV. Aussi le château de Versailles fut-il le lieu idéal pour réunir, pour la première fois, les chercheurs qui étudient ces pierres multicolores et leur utilisation dans les palais européens, aux XVIIe et XVIIIe siècles.


La France posséde aussi son panel de marbriers qui a pu se construire au fil du temps par l'intermédiaire des rois, de leurs choix, de leurs "idées" du luxe, de leurs raffinements...

Comme dans beaucoup de métiers d'art le marbre a sa place, sa "figure", sa foi qui est et qui restera d'un goût subtil... Un peu à l'image de la France qui fait naître à chaque siècle des profils, des perspectives imagées ou non, une multitude de choses qui font que des pays comme les notre puissent aller vers et franchir les barrières négatives de chaque temps.....











* Les marbriers

Les marbriers travaillent différentes roches calcaires qu’ils polissent et utilisent en décoration, ce sont des calcaires marbriers, des calcaires noduleux, des griottes, des brèches, des poudingues et aussi des roches siliceuses comme les porphyres, les serpentines, les quartzites… L’observation et la description de ces calcaires et autres roches permettent dans la plupart des cas de les identifier et de trouver leur provenance.
Dans le cadre des restaurations, il est nécessaire d’identifier les marbres et les roches ornementales, pour savoir s’ils sont encore exploités, afin de faire des remplacements, en particulier pour les pavements. En cas d’abandon des carrières, comme pour les pierres de taille, on recherche une roche de substitution après avoir exploré les anciens stocks des marbriers. Pour Versailles, il existe une réserve, versée par l’entreprise Lebeau au moment de sa cessation d’activité, qui se trouve à Saint-Amour (Jura).

Les marbriers travaillent différentes roches calcaires, dont la finesse et la dureté permettent le poli et l’utilisation en décoration. Leur observation montre que l’on peut trouver des critères de distinction et qu’il est possible, dans la plupart des cas, de retrouver la carrière ou tout au moins la zone de provenance, comme le montrent les exemples suivants.


D’après les archives, seuls trois marbriers étaient brevetés : Pierre Ménard en 1645, Hubert Misson en 1660 et Louis Trouard en 17413. Or, les Comptes des Bâtiments laissent penser que d’autres marbriers l’étaient puisqu’ils sont couchés dans l’état des gages : Mathieu Misson, Jean, François et Antoine Cuvillier, François Deschamps, Pierre Lisquy et Claude-Félix Tarlé. Le cas de Tarlé est le plus étonnant : il reçoit des gages, travaille dans toutes les maisons royales – Louis Trouard précise qu’il en était « le seul marbrier » –, il est attaché au service du roi par d’autres charges comme celle du contrôle des marbres, mais aucun brevet à son nom ne subsiste, ni dans les papiers de la maison du roi ni dans ceux inventoriés après sa mort.

Des marbriers du roi de 1661 à 1717 : Pierre Ménard, Mathieu et Hubert Misson, Jean et François Cuvillier, François Deschamps, Claude-Félix Tarlé, Antoine Cuvillier, puis Pierre Lisquy.

Ces travaux ont leurs artisans de renoms : Derbais, Dezègre, Pasquier, Ménard, Mathaut, Lisquy, Tarlé, Trouard, Corbel, Dropsy, Leprince, Poullain, etc.

Les marbriers travaillant pour la couronne s’intitulent indifféremment marbrier du roi, marbrier ordinaire du roi ou marbrier des bâtiments du roi, lorsque le terme de marbrier n’est pas remplacé par celui de sculpteur. Les deux premières dénominations laissent supposer qu’ils dépendaient de l’Académie royale, suivant l’arrêt du conseil d’État du 8 février 1663.



Parmi les calcaires marbriers les plus utilisés en France, les carrières de prélèvement (Aude) ont fourni de nombreuses variétés, aux colorations rouges et grises. Les parties blanches et grises sont dues à l’activité biologique (Stromatactis) qui régnait dans la mer du Dévonien (il y a 380 Ma). La phase calcaire rouge est composée de fins cristaux de calcite (micrite) parmi lesquels les géologues ont reconnu des débris de fossiles leur permettant de dater le dépôt du Dévonien. Le marbre rouge de Rance se reconnaît à sa couleur et à la présence de Polypiers En Mayenne, près de Sablé (Sarthe) et de Laval (Mayenne), des calcaires du Viséen (325 Ma) ont été exploités dans plusieurs anciennes carrières, et utilisés depuis l’Antiquité jusqu’au xxe siècle. Le calcaire marbrier de Bois-Jourdan se reconnaît grâce à ses taches rouge vif et aux restes de polypiers qu’il contient
















* Les marbreries

- Quel est le point commun entre New York, Le Caire, Hong Kong, Versailles, Londres, Berlin ou encore Pompéï? C’est le marbre de Payolle, qui est un hameau de la commune de Campan. Il est situé au bord d'un lac sur le plateau de Payolle, à 1100 m d'altitude dans la vallée de Payolle, en Haute-Bigorre dans le département des Hautes-Pyrénées.
Ce marbre, qui habille, depuis plusieurs siècles, les hauts lieux de ces grandes métropoles et autres sites devenus les plus touristiques au monde. Très apprécié pour ses couleurs particulières et pour sa solidité exceptionnelle, ce minerai était extrait à Payolle, jusqu’en 1991.
La marbrerie, dite «royale», ses 400 m de front de coupe et ses falaises de marbre de 30 m, sont visibles de loin.

- Hérault - Félines-Minervois, proche de Carcassonne, Castres, Béziers
La commune possédait un moulin à scier le marbre, dit de "Biot". Le moulin proprement dit est élevé sur une plate-forme monumentale artificielle talutée (21 x 8,5m et 1,2 jusqu'à 3,8m de haut) élevée en bordure du vallon, le tout, bâtiment et terrasse de soutènement est entièrement réalisé à l'aide des matériaux produits par l'extraction des carrières en blocage irrégulier avec liant de mortier de chaux ; chaînages et encadrements sont faits de blocs équarris plus importants mais l'ensemble est assez sommaire. L'énergie éolienne est utilisée pour actionner le mécanisme aujourd'hui disparu des scies qui débitaient le marbre en plaques dans les deux salles de sciage établies de part et d'autre de la tour centrale.

 http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/merimee/PROT/PA34000047_DOC.pdf




Les cartes de Cassini, imprimées à partir de relevés effectués vers 1744, mentionnent à Seix la carrière de marbre située dans la vallée d’Esbints, dans les Pyrénnées.




Barbezan et Sauveterre 
 Deux variétés principales, une brèche multicolore et un noir uni, furent exploitées entre les villages de Barbazan et de Sauveterre (Haute-Garonne), à quelques kilomètres de Saint-Bertrand-de-Comminges et à une faible distance de la Garonne.
En 1667, le grand-maître des eaux et forêts, monsieur de Froidour, écrivait :
 «M’étant approché plus près de Barbasan on me fit voir deux montagnes toutes de marbre le gris d’un côté et le noir de l’autre où l’on en tire pour les bâtiments du Louvre. Sauveterre est aussy sur une montagne de marbre et celuy qu’on y tire est parfaitement beau. Il est de différentes couleurs, gris, noir et blanc, mais meslangé de façon qu’il n’y a rien de plus agréable à voir. Il y a des ouvriers dans cette ville qui le polissent et qui en font des escritoires, des boulles et autres choses semblables.»
Le noir profond était très apprécié pour des sphères, cabochons ou pointes de diamant dont on ornait retables et cheminées, ainsi qu’en usa souvent l’architecte Pierre Souffron dans les années 1590-1630. Sa qualité fut telle qu’on le confond communément avec le noir dit « de Belgique », appellation générale regroupant plusieurs variétés.
Bien que totalement oublié de nos jours, le noir de Sauveterre fut pourtant très employé et exporté très loin : il servit même à la confection du sarcophage du grand maître Gregorio Carafa dans la cathédrale Saint-Jean de La Valette à Malte, en 1690. Les carrières sont désormais difficiles à localiser, un gisement subsiste au haut du village de Barbazan, en grande partie emporté par l’élargissement d’une route.


Caunes
Les carrières de Caunes, en minervois, épisodiquement utilisées à l’époque romaine puis médiévale, furent ouvertes par des marbriers ligures à partir de 1617, attirés par l’éclat incomparable d’un rouge intense flammé de blanc qui fut expédié partout en Italie, en blocs ou en colonnes. Cet « incarnat » (rosso ou mischio di francia) y connut un succès fulgurant qui le conduisit en des centaines de sanctuaires, jusqu’à Saint-Pierre de Rome, à partir de 1646. Dès 1625, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc signalait tout son intérêt aux marbriers royaux, toutefois les italiens en conservèrent le commerce quasi exclusif jusqu’en 1660-1670 environ, période durant laquelle la politique somptuaire voulue par Louis XIV entraîna un accroissement sans précédent des achats de marbres d’Italie et des Flandres mais aussi l’essor spectaculaire des carrières des Pyrénées, puis de l’ensemble du Midi.


Cazerdanes
Seulement connu par les textes, le « Saint-Baudéry » n’était encore ni identifié ni localisé. La carrière se trouve non loin des ruines du château de Saint-Bauléry, sur la commune de Cazerdanes (Hérault). 46C’est en 1686 que ce marbre avec « façon d’agathe et à fond gris de lin taché d’aurore», fut découvert par l’ingénieur du roi Michel Martin.


 Cierp
Cierp est situé à l’entrée de la vallée de Luchon (Haute-Garonne), à quelques kilomètres de Saint-Béat. Ce village est dominé par un spectaculaire plissement de terrain, ondulant en strates de marbres colorés, au sein duquel sont entaillées plusieurs carrières. L’une fut exploitée par les Romains (des carreaux de Cierp ont été retrouvés en Narbonnaise), puis reprise par Dominique Bertin, qui fit notamment tirer de cette paroi la haute colonne du tombeau de cœur du cardinal de Bourbon à Saint-Denis (1556).
 Très apprécié jusqu’à la première moitié du XVIIe siècle, ce marbre fut ensuite délaissé au profit des rouges du Minervois, plus vifs. -  La brèche de Beyrède, ou brèche d’Antin, 
En 1712 elle fournit le marbre que le Roi préfère. En effet, bon nombre de cheminées du Château de Versailles seront réalisées en marbre de Beyrède. Pour leur transport, les blocs de marbre étaient emmenés par radeau sur la Neste puis rejoignaient la Garonne ou l’Adour jusqu’à Bayonne ou Bordeaux, jusqu’à Rouen, enfin, ils remontaient la Seine jusqu’à Paris.

Depuis 2003, l’exploitation a été relancée par l’entreprise PLO.


Héchettes 
Les carrières de ce marbre sont situées au sein d’un bois surplombant la rivière de Neste, au voisinage du petit village de Héchettes, à l’entrée de la vallée d’Aure (Hautes-Pyrénées). Il s’agit là d’une « pierre de substitution ». Le grand antique, en effet, sous le nom de marmor celticum, avait été célèbre sous l’empire romain : extrait à Aubert, près de Saint-Girons (Ariège) à partir du IV e siècle au moins, il fut exporté ensuite jusqu’à Rome et Constantinople. Mais sa carrière, au XVIIe siècle, demeura perdue et ses larges éclats de noir et de blanc furent remplacés par ceux, très semblables mais de moindre taille, du marbre découvert à Héchettes dès le XVIe siècle, probablement par Dominique Bertin.


Pourcieux
Jaspe de Provence, jaune de Trets, poussiou
Les carrières de Trets et de Pourcieux (Bouches-du-Rhône) sont situées au-dessus des villages de ce nom, auprès de l’ermitage Saint-Jean-du-Puy ainsi qu’au pied du mont Olympe. Elles produisirent un jaune plus ou moins clair, finement veiné de rouge et un autre, plus soutenu, fortement contrasté de brun, de blanc et de violet.


Tholonet
Le Tholonet est une toute petite commune au pied de la Sainte-Victoire dans le secteur d'Aix en Provence.
L'implantation du village est assez tardive (XVIIe siècle).
Le marbre du Tholonet, appelé aussi brèche d'Alep, comme beaucoup de marbres qui lui ressemblent. La carrière de Roque-Hautes a été exploitée jusqu'à la seconde guerre mondiale et est donc très visible.
Ce marbre a voyagé jusqu'à Versailles, comme pour de nombreuses carrières de Provence et d'ailleurs, c'est sous l'impulsion de Louis XIV et pour l'accomplissement de ses rêves de grandeur, de faste et de luxe que l'industrie marbrière s'est développée dans tout le Royaume.


Trest
Située entre Aix-en-Provence et Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, la commune de Trets abrite une carrière de marbre qui fut exploitée des années 1680 aux années 1730 par la famille Veyrier. Cette famille a compté de nombreux marbriers, sculpteurs et architectes, parmi lesquels émergea la figure de Christophe Veyrier, l’un des principaux élèves de Pierre Puget. Il fut l’inventeur de la carrière, proche de l’ermitage de Saint-Jean-du-Puy, et en devint copropriétaire avec ses frères Louis et François. En cette fin de xviie siècle, le marbre français est mis à l’honneur et la nouvelle politique royale menée par Colbert dès 1664 favorise l’exploitation de nombreuses carrières du royaume pour la fourniture de marbres destinés à la décoration et l’embellissement des demeures royales. Le marbre de Trets, marbre d’ornement à dominante jaune veiné de rouge, fut envoyé à Paris et à Versailles en grandes quantités mais servit aussi aux Veyrier dans beaucoup de leurs réalisations.

Lire la suite.... http://crcv.revues.org/13650



Sarrancolin, marbre d'Antin
Le village de Sarrancolin, au cœur de la vallée d’Aure, en Hautes-Pyrénées, se trouve au pied d’un étranglement formé par deux puissantes montagnes, sur les hauts flancs desquelles se situent les carrières, sur les communes de Sarrancolin et d’Ilhet à l’est et de Veyrède à l’ouest. 35 Cette technique fut perfectionnée par Claude-Félix Tarlé à partir de 1712. Les carrières de Sarrancolin-Ilhet furent les premières découvertes, probablement vers 1560-1570. Elles furent exploitées en sous-cavage, pour suivre les plus belles veines qui s’enfonçaient perpendiculairement à la pente. Cette caractéristique poussa les marbriers du roi, notamment Misson, à partir de 1666, à creuser des galeries de part et d’autre des bons filons, puis à découper ceux-ci à la scie, afin d’épargner la meilleure matière.


Seix
 Situé dans le parc régional des pyrénnées Ariègeoise, à quelques kilomètres de Toulouse, Seix a vu l’extraction du marbre dans les carrières situées au sud de Seix dès l’époque romaine. On retrouve les griottes multicolores de Seix et le vert d’Estours dans la plupart des monuments antiques de la région : à la villa de Chiragan, à Saint Bertrand de Comminges. Le nom de «carrière romaine», au lieu dit Escalatorte se réfère à une ancienne exploitation. Le transport devait constituer, dans l’Antiquité, une grosse difficulté compte tenu de la nécessité de traverser le Salat pour exporter les marbres dans la vallée. L’église de Salau, ancien prieuré de Malte, datant du XIème siècle, comportait plusieurs colonnettes de ce marbre qui ornaient son clocher, ainsi que des colonnes très anciennes soutenant un mur bordant le cimetière.

http://www.histariege.com/mines_et_industries.htm#Carrières_de_marbres_à_Seix



Sost
La carrière de Sost est située non loin du petit village de ce nom, en vallée de Barousse (Hautes-Pyrénées). Cette carrière porte témoignage des efforts démesurés qui furent consentis pour trouver dans le royaume un blanc statuaire de qualité susceptible de concurrencer celui de Carrare. Les directeurs des Bâtiments du roi, Orry en 1737 puis Lenormant de Tournehem en 1748, envoyèrent en Pyrénées Jean Tarlé pour trouver une carrière susceptible de remplacer celle de Saint-Béat, où les espoirs des précédents surintendants avaient été déçus, de Colbert au duc d’Antin.





Des colloques internationaux qui ont pour sujet le marbre enregistrés, à écouter:
















* Les marbres du Nord et du Boulonnais

* Types de marbres du Minervois

* L'odyssée d'une vasque royale

* Le marbre de campan payolle

* Le marbre des Pyrénnées

* La pierre rouge du Languedoc

 * La pierre des rois
Le marbre rose de Languedoc, le grand Campan mélangé, le Carrare blanc, la pierre calcaire de Saint-Leu.




Un article sur le marbre des rois
http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/24/1677012-jezeau-payolle-le-marbre-des-rois.html#ohFKj6WOAJx24qBM.99


Le marbre sur wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marbre











Comprendre ce que représentait un marbre pour un homme du XVIIe siècle

 Était alors dénommée ainsi toute pierre prenant le poli, selon l’origine grecque du terme marmor, brillant, irradiant, ce qui englobait tout autant l’albâtre que le porphyre, le granit, les jaspes ou les véritables calcaires métamorphiques. Mais la perception de ces roches n’était pas seulement technique, réservée aux praticiens. Elle était également savante et religieuse, car elles représentaient l’un des genres les plus remarquables du règne minéral et à ce titre, bien des fragments colorés, étrangement veinés, eurent les honneurs des plus célèbres cabinets de curiosité. On considérait en effet que ce matériau d’exception, sur lequel le temps n’avait prise, avait consigné bien des mystères du passé du monde, parmi lesquels les fossiles et pétrifications. On se plaisait ainsi à y lire l’intervention de Dieu, à y découvrir le caractère animé d’une nature première, œuvre du Créateur. Ces croyances étaient d’autant plus importantes que l’on considérait le marbre comme un matériau vivace, végétatif.
En outre, et ce n’était pas la moindre de ses qualités, le marbre reflétait la légendaire puissance de l’Empire romain, il était l’une des marques les plus hautes d’une culture raffinée. Aussi s’imposa-t-il comme l’un des matériaux essentiels de la Renaissance, dans un sens aussi mystique que mythique, et ce fut dès le règne d’Henri II que les ressources nationales furent mises à contribution, dans l’ambition affichée de concurrencer toute autre provenance. Pour Versailles, leur exploitation connut son plein développement afin de sacraliser la gloire de Louis XIV tout en restaurant l’âge de marbre d’une Antiquité triomphante.



Le marbre, matériau royal du monde minéral

Matériau des plus précieux, aussi rare que difficile à déplacer, le marbre connut souvent une histoire mouvementée, des carrières aux magasins. Ainsi descendait-il des Pyrénées par radeau pour rejoindre Toulouse, où négociants, architectes et sculpteurs assurèrent longtemps son commerce et sa mise en valeur (Alain de Beauregard). Le plus souvent, il poursuivait sa navigation jusqu’à Bordeaux et il y embarquait sur des navires de haute mer, qui le convoyaient jusqu’à Rouen où il rejoignait les blocs achetés en Italie, venus par une voie maritime plus longue encore, celle du contournement de l’isthme ibérique.

. https://crcv.revues.org/13262












Au XVIIIe

Les provinces de France oû se trouve le plus grand nombre de carrières de marbre et ou les marbres sont les plus beaux sont ; la Provence, le Languedoc, le Bourbonnais et celles qui sont voisines des Pyrenées. La plupart de ces marbres prennent leurs dénominations du nom général de la province d' où on les tirent, d' autres des villages ou sont situées les carrières. 




 ¤ Les marbres au milieu XVIIIe siècle

On a donné divers noms aux diverses espèces de marbres suivant leur couleur ; Le marbre brèche de Vérone est de couleur rouge pâle, mêlé de jaune, de noir et de bleu. Le verd de Suze a des marques vertes et noires qui se détachent sur un fond blanc. Le brocatelle est un marbre nuancé d' un grand nombre des plus belles couleurs ce qui le fait ressembler a l' éroffe nommée brocard, d' ou il a pris son nom. Le Narbonne a des taches jaunes et blanches sur un fond violet. Le verd Campan outre le verd offre du blanc et différentes teintes rouges. Le bleu turquín se trouve à Cône, en Languedoc, ainsi que celui qui est d' un blanc mêlé d' incarnat dont la carrière est réservée au Roi. Il ya dans le même pays du marbre jaune et gris jaspé, le cervelas taché de rouge, de jaune et de bleu le Férancolín de couleur isabelle rouge et agate. La Provence donne un beau portor (ainsi nommé parcequ' il semble porter de l' or), il est d' un jaune et d' un noir très vif. On trouve à Flo rence un Marbre figuré oû il semble que l' on aperçoive des châteaux, des tours, des arbres... Enfin il y a dans les marbres des variétés à l' infini.
Il y a des pierres dures qui passent quelquefois pour des marbres parce que ces pierres reçoivent assez bien le poli. L' Auvergne a des carrieres, ont en retire une à une, c'est une pierre très recherchée à cause de la variété de ses couleurs qui sont rose mêlé de verd et jaune mêlé de violet.


 ¤ Des procédés de fabrication au milieu XVIIIe siècle

 Le marbre étant arrivé a l' atelier se scie dans l'épaisseur que l' on désire. La scie des Marbriers ne possèdent pas de dents, elle a une monture semblable à celle des scies a débiter des menuisiers mais proportionnée à la force de l' ouvrage et de la scie. Deux hommes ont assez de peine à l'élever pour les mettre en place, la feuille de ces scies est très large et assez ferme pour scier le marbre en l' usant peu à peu en utilisant le procédé du grès et de l' eau que le scieur met avec une longue cuillère de fer. Il arrive très souvent que les sciages soient mal dégauchis; c' est a dire que les parement ou pièces de marbre ne sont pas parfaitement unis. Ce vice est occasionné quelque fois par l' irrégularité de la scie et quelquefois par les durillons qu' elle rencontre dans le marbre. On est parvenu à colorer le marbre blanc naturel avec diverses dissolutions, la dissolution d' argent pénètre le marbre blanc très profondément et lui donne une couleur rougeâtre puis brune. La dissolution d' or pénètre moins et donne une couleur violette, l' une et l' autre font leur effet plus profondément si on les expose au soleil. La dissolution de cuivre donne une couleur Verte sur la surface du marbre, le sang de dragon étant frotté sur le marbre chaud le teint en rouge, la gomme gutte le teint en beau citron. Pour faire pénétrer davantage ces liqueurs il faut auparavant dépolir le marbre avec de la pierre ponce. Les teintures de bois de racines, dans l' esprit de vin, colorent le marbre. La teinture de cochenille le pénètre d' environ une ligne et lui donne une couleur mêlée de rouge et de pourpre, des couleurs mêlées avec de la cire colorent aussi le marbre.  


Il est possible de lire la suite page 55 en vieux Français, livre datant de 1773. https://books.google.fr/books?id=KY1cAAAAcAAJ&pg=PA52&dq=le+marbre+pierre+des+rois&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj19rubmuTKAhVG1BoKHXsVAmo45gEQ6AEIRDAG#v=onepage&q=le%20marbre%20pierre%20des%20rois&f=false













Les mini-expositions



_ Des portraits d'architectes



_ De très riches heures de Champagne



_ Mille ans d'écriture dans l'Oise



_ En Aquitaine, extraordinaire quotidien









Une série scientifique à voir

Les experts du passé































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire